Enquête HBSC 2018 sur les comportements, bien-être et santé des élèves est lancée

Comportements alimentation et activité physiqueTous les quatre ans, l’enquête « Health Behaviour in School-aged Children » (HBSC) est menée dans plus de 40 pays ou régions d’Europe et d’Amérique du Nord, sous l’égide du Bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé pour l’Europe.

Cette photographie de la population jeune permet de mesurer les enjeux, d’appréhender ce qu’il reste à accomplir et d’orienter les choix en matière d’éducation et de promotion à la santé.

Résultats mitigés

La dernière enquête HBSC de 2014 [1] montre que beaucoup de jeunes ne sont pas en aussi bonne santé qu’ils pourraient l’être et que les inégalités sociales de santé sont largement répandues, de façon plus ou moins importante selon les pays. En Belgique francophone, les résultats soulignent des inégalités de genre en défaveur des filles et des inégalités sociales au détriment des jeunes socio-économiquement moins favorisés.

Alimentation

  • L’enquête révèle certaines évolutions favorables comme par exemple, la hausse continue de la consommation de fruits et de légumes qui place les jeunes belges parmi les "bons" élèves de l’enquête internationale ou encore la diminution de la consommation hebdomadaire d’alcool, quotidienne du tabac (depuis 2010, il est passé de 13,2 % à 8,7 %) ou encore du cannabis.
  • Néanmoins, malgré les efforts entrepris, 45 % des jeunes n’ont toujours pas adopté une consommation de fruits et de légumes quotidiennement.
  • Aussi, le recours hebdomadaire au fast-food est loin d’être anecdotique : il s’élève à 39,7% chez les garçons de 6ème et 7ème secondaires. Ce sont les Bruxellois, exposés à une disponibilité d’offre importante, qui tirent ce résultat vers le haut.
  • La consommation de boissons sucrées, en hausse également, concerne plus d’un tiers des répondants.
  • Par ailleurs, moins de jeunes qu’auparavant prennent tous les jours un petit-déjeuner, en particulier parmi les filles. En effet, elles croient souvent, à tort, pouvoir ainsi perdre du poids...

Activité physique

  • Le chiffre relatif au niveau d’activité physique déçoit. Seul 16 % des jeunes atteignent les recommandations de l’OMS préconisant une heure d’activité quotidienne, 57% regardent la télé au moins deux heures par jour et 13 % de jeunes admettent grignoter régulièrement devant leurs écrans...

D’autres résultats incitent également à rester vigilant. C’est le cas, par exemple, des problèmes d’endormissement (plus d’une fois par semaine), signalés par 31 % des jeunes.

L’intervention auprès des jeunes est une priorité en santé publique

Les disparités qui émergent en fonction des caractéristiques individuelles liées au genre, au groupe d’âge, à la structure familiale, au niveau socioéconomique et à l’orientation scolaire soulignées dans l’anquête fournissent des pistes pour d’éventuelles interventions ciblées. Il ne s’agit pas de réinventer la roue ou de mettre inutilement au placard ce qui a été fait auparavant, mais une série de (nouveaux) défis se dessinent à travers cette enquête.

Enquête HBSC 2018 sur les comportements, bien-être et santé des élèvesLe Pr Katia Castetbon, épidémiologiste à l’Ecole de Santé publique de l’ULB et directrice du SIPES (Service d’Information, Promotion, Education Santé) souligne : « Un des messages clés de l’enquête consiste à ne pas se focaliser uniquement sur les différents points négatifs qui en ressortent. On le sait, les comportements et les habitudes alimentaires adoptés pendant l’enfance et l’adolescence ont tendance à perdurer à l’âge adulte. Sur ce plan, l’intervention auprès des jeunes reste donc fondamentale en termes de santé publique. Cependant, changer les comportements est un phénomène très long. Entre ce que l’on sait et ce que l’on fait, le temps de latence peut être important. Il explique les inerties observées. ». [2]


Des pistes d’actions à l’école

Le Pr Katia Castetbon confirme :

  • La cantine - lorsqu’elle existe - peut être un levier au niveau de cette consommation alimentaire en proposant des aliments favorables à la santé.
  • Lorsqu’il n’y a pas de cantine, on peut aussi réfléchir à une sensibilisation et à une information concernant le contenu des paniers repas. Autre point à ne pas négliger, la disponibilité des points d’eau dans les écoles : dans un certain nombre d’entre elles, il existe probablement une marge d’amélioration pour éviter que les sodas soient le premier réflexe.
  • On devrait s’intéresser à des mécanismes qui, dans l’emploi du temps, permettraient de maintenir la pratique de sports, sans oublier de considérer l’environnement et les moyens susceptibles de mettre davantage à disposition des équipements, des terrains, des salles, etc. Pour en savoir plus, lisez l’article de Manger Bouger : Pourquoi encourager le sport à l’école ?

Une analyse de mars 2018 de l’UFAPEC sur les enjeux de la consommation de l’eau à l’école est désormais disponible. A lire et télécharger ICI

  • Des questions plus globales sur le calendrier de la journée, sur la répartition temps de travail/temps de loisirs (et le type de loisirs) ou sur l’élaboration d’emplois du temps plus personnalisés méritent probablement d’être posées.
  • Par ailleurs, sur le plan des processus de développement de l’assurance et de la confiance en soi, de l’amélioration des relations avec les autres et du bien-être physique et psychique, des interventions basées sur une approche multidisciplinaire, alliant le médical et le psychologique, sont souhaitables. De manière générale, la multidisciplinarité et l’intégration d’une approche globale de la santé paraissent être deux clés essentielles des actions à mener.

Plusieurs tendances incitent donc à reconsidérer certaines stratégies, à élaborer des politiques d’intervention susceptibles de promouvoir des comportements et un environnement favorables à la santé et au bien-être des jeunes, à adapter les projets, à imaginer les actions à venir en collant au plus près aux réalités de terrain et aux enjeux soulevés dans l’enquête.


Téléchargez l’Enquête Comportements, bien-être et santé des élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles sur le site du SIPES
Mis à jour le 23/10/2018