Ados wallons et bruxellois : quelles différences dans les habitudes alimentaires ?

La Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale ont l’une et l’autre placé, en axe prioritaire de leurs plans stratégiques de promotion de la santé, les comportements favorables à la santé en matière d’alimentation [1] [2] En facilitant notamment l’accès à une information de qualité et en développant une offre alimentaire variée dans les collectivités, elles souhaitent encourager et soutenir l’adoption et le maintien de ces comportements. A plus long terme, il s’agit de lutter contre l’apparition de maladies chroniques, telles que les maladies cardio-vasculaires, le diabète, ou l’hypertension.

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De nombreux facteurs influencent les comportements alimentaires des adolescents  : l’âge, le genre, le niveau socio-économique et les habitudes alimentaires de leurs parents, le type d’aliments disponibles à la maison, ou encore l’influence de leurs amis [3]

Les disparités socio-culturelles et économiques entre Wallonie et Bruxelles-Capitale  [4] [5], ainsi que la diversité d’offre alimentaire entre un contexte exclusivement urbain et une région composite, laissent supposer l’existence de différences dans les habitudes des adolescents des deux régions [6] [7]. Cet article décrit les fréquences de consommation et les habitudes alimentaires des adolescents de Wallonie et de Bruxelles, pour en souligner les différences et les points communs.

Enquête Health Behaviour in School-Aged Children et alimentation

L’enquête HBSC est réalisée tous les 4 ans, sous l’égide de l’OMS. Elle interroge les comportements, l’état de santé et les relations sociales des adolescents, dans une cinquantaine de pays. En Belgique francophone, elle a lieu depuis 1986, auprès des élèves de la 5ème primaire à la 7ème secondaire. En 2018, 14 000 élèves ont participé à l’enquête, dans près de 300 établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les informations sur les habitudes alimentaires sont récoltées au moyen d’un questionnaire de fréquence alimentaire (dans une version courte de 20 groupes d’aliments) et de trois questions d’autres habitudes : prise du petit-déjeuner, consommation de fast-food et prise des repas en famille. Seuls les élèves ayant répondu à toutes les questions de fréquence alimentaire ont été pris en compte dans ces analyses, soit un total de 2526 répondants à Bruxelles et 7918 en Région wallonne.

Des consommations alimentaires globalement plus favorables à la santé en Région bruxelloise

Les fréquences de consommation montraient des différences régionales dans les habitudes des adolescents. Du côté des aliments considérés comme favorables à la santé, en Région de Bruxelles-Capitale, les élèves déclaraient plus fréquemment que les Wallons, une consommation quotidienne :

-  De fruits (figure 1),
-  De produits laitiers (69,7% des Bruxellois contre 64,6% des Wallons),
-  De pain gris, multicéréales ou complet (29,0 % des Bruxellois contre 25,3% des Wallons),
-  Et d’eau (88,3% contre 85,9%, respectivement).

En outre, les fréquences de consommation de certains aliments défavorables à la santé étaient plus faibles parmi les Bruxellois, notamment en ce qui concerne la consommation quotidienne :

-  De sucreries (25,8% des Bruxellois contre 32,7% des Wallons)
-  De boissons sucrées (26,3% des Bruxellois contre 32,2% des Wallons)
-  De boissons light (10,6% contre 14,8%),
-  Ou encore de pain blanc (36,2% contre 42,9%).

Cependant, ce constat n’est pas uniforme. Les élèves wallons étaient proportionnellement plus nombreux que les Bruxellois à consommer quotidiennement des légumes (55,5% contre 51,1%) et rapportaient moins fréquemment une consommation quotidienne :

-  De poisson pané (3,7% contre 5,6% en Région de Bruxelles-Capitale),
-  ou de chips et de frites (22,4% contre 25,9%).

Enfin, les fréquences de consommation étaient similaires entre les deux régions pour

  • les boissons énergisantes,
  • les laits aromatisés,
  • les desserts lactés,
  • le poisson non-pané,
  • les céréales du petit-déjeuner.

Mais des habitudes alimentaires plus souvent favorables à la santé en Région wallonne

Du côté des habitudes alimentaires étudiées dans l’enquête HBSC 2018, c’est parmi les élèves wallons qu’elles étaient plus fréquemment favorables à santé : la proportion d’élèves qui déclaraient consommer plusieurs fois par semaine des repas provenant de fast-food était en effet moins élevée en Région wallonne qu’en Région de Bruxelles-Capitale (figure 2).

De plus, les élèves bruxellois n’étaient que 58,7% à déclarer prendre quotidiennement un repas en famille, tandis qu’en Wallonie, ils étaient sept sur dix.

Enfin, la proportion d’élèves prenant quotidiennement un petit-déjeuner était plus faible à Bruxelles (43,1%) qu’en Wallonie (46,1%). Cependant, en considérant également la prise d’un petit-déjeuner 5 à 6 jours par semaine, les proportions étaient alors similaires dans les deux régions.

Différences selon le genre

Des différences de genre dans les comportements alimentaires sont retrouvées de façon semblable dans les deux régions, en général plus favorables à la santé chez les filles que chez les garçons. Ce constat n’est cependant pas toujours retrouvé, à l’instar des sucreries, que les filles étaient proportionnellement plus nombreuses que les garçons à consommer tous les jours ou plusieurs fois par jour, à Bruxelles comme en Wallonie. Dans les deux régions également, elles déclaraient, moins fréquemment que les garçons, consommer des produits laitiers ou du poisson non-pané quotidiennement.

Conclusion

Certaines différences ont été constatées dans les habitudes et fréquences de consommation alimentaire des adolescents, entre la Région wallonne et la Région bruxelloise. Elles n’étaient cependant pas uniformes. Hormis la fréquence de la prise des repas en famille, ces différences restent globalement de faible ampleur. Compte tenu de ces observations, les actions de promotion de la santé visant à soutenir des comportements favorables à la santé chez les adolescents ont tout à fait leur place dans les deux régions. Elles peuvent par ailleurs étayer les évolutions favorables observées ces dernières années pour certaines consommations (fruits, boissons sucrées, par exemple) [8]. Les résultats présentés ici peuvent appuyer des interventions spécifiques dans chacune des régions et invitent à questionner ces inégalités, légères mais significatives, à investiguer leurs origines et à surveiller leur évolution dans les années à venir.

Vous retrouverez les résultats complets et les tableaux de bord régionaux de l’enquête HBSC 2018 sur le site web du SIPES : http://sipes.ulb.ac.be/

Article rédigé par : Amélie Bellanger
Assistante de recherche au Service d’Information Promotion Education Santé (SIPES) Université Libre de Bruxelles - Ecole de Santé Publique

Mis à jour le 26/01/2021