Recommandations nutritionnelles 2016

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Calories, glucides, lipides, fibres alimentaires, minéraux, oligo-éléments, vitamines, sel, sucres, eau, alcool… quel est, pour chaque nutriment, l’apport journalier recommandé (AJR) ou la quantité maximale à ne pas dépasser ?

Parce que les connaissances scientifiques évoluent de jour en jour, les recommandations nutritionnelles d’hier ne sont plus forcément celles d’aujourd’hui. La dernière édition publiée par le Conseil supérieur de la santé (CSS) datant de 2009, il était temps de la remettre "au goût du jour". Après un premier volet relatif aux oligo-éléments et aux vitamines paru en 2015, le CSS publie ce jeudi, 22 septembre 2016, la seconde partie de cette 6e édition des recommandations nutritionnelles pour la Belgique, ce qui boucle une nouvelle édition complète.

Si le document de 200 pages s’adresse prioritairement aux professionnels de la santé (diététiciens, nutritionnistes, pharmaciens, médecins…), c’est évidemment toute la population, soucieuse de sa santé, qui est concernée par ces nouveaux repères.

La science de la nutrition en pleine évolution

"La science de la nutrition a bien évolué ces dernières années", constate Véronique Maindiaux, diététicienne nutritionniste et expert au Conseil supérieur de la santé (CSS), dans le groupe santé, nutrition, alimentation et sécurité alimentaire. A à ce titre, elle a été - comme d’autres spécialistes - chargée de revoir l’ensemble des recommandations nutritionnelles. "Même si la précédente édition n’était pas totalement obsolète, il était temps de remettre à jour certaines de ces recommandations, en tenant compte des connaissances nouvelles. De nombreuses études importantes ont été réalisées ces dernières années sur base desquelles, mais aussi d’autres recommandations émises par des experts internationaux, il était en effet nécessaire de réactualiser celles du CSS pour la Belgique. Il y avait en outre une demande de fixer les apports maximaux tolérés pour les micronutriments. Car outre l’alimentation, les compléments alimentaires sont également concernés par ces recommandations nutritionnelles".

"Ces recommandations constituent les repères fondamentaux sur lesquels devraient s’appuyer les conseils alimentaires, pour permettre d’optimaliser l’état de santé des populations."
Le Conseil Supérieur de la Santé, Organe d’avis scientifique du SPF Santé Publique.

Voici donc les principales modifications apportées dans cette 6e version des recommandations nutritionnelles pour la Belgique

Les calories

Ce n’est un secret pour personne : tout apport énergétique excessif entraîne une prise de poids. La façon de préciser la quantité d’énergie (les calories) à puiser dans l’alimentation est donc une donnée essentielle pour équilibrer les apports et les dépenses. "Parce que c’est la base, la première chose à évoquer est en effet l’énergie, en d’autres mots, les calories, explique Véronique Maindiaux. Toutes les recommandations relatives aux besoins énergétiques ont été revues et assez bien modifiées par rapport à la précédente version. L’objectif étant d’avoir une meilleure adaptation de l’apport énergétique via l’alimentation en fonction des dépenses réelles de l’individu. Il faut pouvoir estimer les dépenses énergétiques de la façon la plus précise possible pour éviter tout déséquilibre énergétique. Ces nouvelles recommandations permettent d’évaluer plus précisément les dépenses énergétiques, parce que l’on tient mieux compte des différents niveaux d’activités physiques".

En effet, alors qu’il n’y avait que trois niveaux d’activité physique dans les précédentes recommandations, à savoir légères, moyennes et lourdes, on distingue à présent 6 catégories. En l’occurrence : inactif (alité, invalide), sédentaire ou faiblement actif (travail de bureau sans activité sportive), modérément actif (travail assis avec peu de déplacements ou sans activité sportive), actif (travail debout avec déplacements), très actif et extrêmement actif (travail physique intense ou activité physique intense). "Il est effectivement utile d’avoir davantage de subdivisions, car cela permet de mieux affiner le calcul de la dépense énergétique", précise la diététicienne nutritionniste.

Par ailleurs, la formule utilisée pour prédire le métabolisme de base a également changé. La nouvelle formule permet de ne pas surestimer la dépense énergétique d’un individu (ce qui était le cas auparavant) et de ce fait de mieux adapter l’alimentation, pour finalement prévenir le surpoids et le diabète.

Les graisses

Dans les nouvelles recommandations, l’accent a été mis surtout sur la nature ou même la qualité des lipides, qui ne doivent pas apporter plus de 35 % de l’énergie. "Que les recommandations soient théoriques ou pratiques, on insiste plus sur le fait de diminuer ce qui est néfaste en terme de santé dans la qualité des graisses, c’est-à-dire bien contrôler la consommation en acides gras saturés athérogènes, à savoir les responsables d’une élévation du taux de cholestérol total et particulièrement du taux de LDL cholestérol. On les retrouve dans certaines graisses animales (charcuteries grasses, beurre, matières grasses laitières…), mais aussi dans certaines graisses végétales tropicales (huile de palme, coco...)." Les acides gras trans industriels sont à éviter le plus possible.

Les nouvelles recommandations soulignent également le fait que la consommation d’Oméga 3 reste insuffisante en Belgique. D’où l’importance de promouvoir des aliments qui en contiennent de manière naturelle comme certaines huiles (colza, soja, noix…), les poissons gras… Un message général : variez et dosez les sources de lipides !

Les sucres

Les nouvelles recommandations nutritionnelles au niveau des sucres ne diffèrent pas fondamentalement des précédentes. "On n’a pas de limitation au niveau des sucres naturellement présents dans les aliments (fruits, légumes, laitages…), poursuit l’expert. Par contre, il y en a au niveau des sucres ajoutés (sucre de table, miel, sirop de sucre, concentrés à base de fruits, soft drink…). La quantité d’énergie sous forme de sucres ajoutés doit être restreinte à 10% maximum de l’apport énergétique total, ce qui représente 50 à 60 g de sucres ajoutés par jour. On recommande de choisir des aliments qui ont une densité nutritionnelle plus intéressante, à savoir des aliments qui n’apportent pas que du sucre ou que des glucides, mais des aliments qui apportent cette énergie glucidique plus des fibres, des vitamines et des micronutriments".

Le CSS recommande de s’orienter vers les céréales complètes (pain gris, pain complet, pâtes et riz complets, etc.), les légumineuses (pois chiches, lentilles, fèves…), les pommes de terre, les légumes et les fruits. S’il est insuffisant, il est recommandé d’augmenter progressivement l’apport en fibres alimentaires entre autres afin d’éviter les inconvénients associés à la fermentation (flatulences, ballonnements).

Le calcium

Globalement, pour la population générale, l’apport journalier recommandé en calcium a été légèrement augmenté puisque l’on est passé de 900 à 950 mg par jour pour l’adulte. Cela conforte l’importance du calcium pour tout le monde. En revanche, pour les femmes enceintes et allaitantes et pour les personnes âgées, les recommandations pour le calcium ont été légèrement revues à la baisse.

"Une alimentation équilibrée permet de couvrir ces besoins, notamment par le biais de denrées telles que produits laitiers, boissons végétales enrichies en calcium, eaux minérales riches en calcium, légumes en suffisance, souligne le CSS. Les compléments alimentaires (généralement 1 à 2 g de calcium par jour) ne devraient être utilisés que de façon ciblée, notamment chez les personnes présentant un risque de déficit en calcium lorsqu’une adaptation du régime alimentaire s’avère insuffisante".

Le sel

Les recommandations en ce qui concerne l’apport en sel sont toujours aussi sévères : ne pas dépasser 2g de sodium, soit 5 g de sel par jour. Et l’on est encore loin de cet objectif puisque l’on consomme près du double des quantités recommandées ! Diminuer de 50% l’apport actuel implique d’une part, ’une réduction de la part de l’industrie alimentaire de l’ajout de sel dans les produits transformés tels que pains, fromages, charcuteries, sauces et condiments, plats prêts à consommer et repas des cantines scolaires, précise le CSS. Et d’autre part, l’éducation de la population pour mieux orienter les achats, limiter l’ajout de sel lors de la préparation culinaire et privilégier la consommation d’herbes aromatiques, d’épices, de fruits et légumes".

"L’appréciation du goût salé est une habitude, fait remarquer Véronique Maindiaux. Mais progressivement, on peut s’habituer à un goût moins salé avec autant de satisfaction au niveau gustatif".

Article paru dans La libre.be par Laurence Dardenne

 

L’avis intégral du Conseil de Promotion de la santé - Recommandations nutritionnelles pour la Belgique - 2016 (CSS 9285) ( Septembre 2016) est téléchargeable ici
PDF - 2.3 Mo
CSS


 

Mots-clés: Pour sa santé et plaisir , Questions de poids
Mis à jour le 30/01/2019