Limitation respiratoire : bougez (presque) comme vous le voulez
On pourrait comprendre, qu’en raison d’un manque de souffle, les personnes souffrant de limitations respiratoires ne se précipitent pas pour faire de l’exercice. Pourtant, les recommandations à ce propos sont claires : l’activité physique leur est indispensable.
Essoufflé rien qu’à l’idée de faire de l’exercice ?
Pas de souffle. Une impression permanente de manquer d’air. Voilà ce que ressentent les nombreuses personnes qui souffrent de dyspnée. Un symptôme très handicapant qui résulte de nombreuses maladies.
Parmi elles, des pathologies respiratoires chroniques telles que :
l’asthme, la fibrose pulmonaire,la mucoviscidose, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive, principalement due au tabagisme) nécessitant parfois une lobectomie (l’ablation d’un lobe du poumon, parfois indiquée en raison d’un cancer du poumon), etc.
D’ailleurs, quand on est atteint de BPCO, il est normal également, avant même de se mettre à l’exercice, qu’un essoufflement survienne. Il peut être dû à l’anxiété liée à l’idée de bouger. Il provient également de circuits neurophysiologiques qui augmentent la dyspnée avant même tout effort.
Avec leurs limitations respiratoires et ce souffle court ou cet essoufflement qui monte à chaque mouvement, on ne s’attend guère à voir les personnes concernées se précipiter pour pratiquer une activité physique.
Pourtant, afin d’améliorer leur qualité de vie et leur autonomie, elles doivent absolument bouger et faire de l’exercice.
Pratiquer des entrainements physiques contrôlés
"De nombreuses études le confirment : l’activité physique fait partie des recommandations indispensables qui accompagnent leurs traitements ", rappelle Thomas Schaefer, kinésithérapeute spécialisé et doctorant (ULB).
Ce principe recouvre évidemment la marche, qui contribue à diminuer des symptômes comme la dyspnée, mais il va plus loin encore. "Il inclut toute une série d’exercices physiques spécifiques dans le cadre d’un entraînement adapté à chacun, comme le proposent les centres de revalidation hospitaliers ou les centres et les kinésithérapeutes spécialisés".
Sous le contrôle de professionnels de santé, des séances d’entraînement vont contribuer à améliorer la fonction musculaire (un atout utile contre la dyspnée) et l’endurance (qui participe à maintenir l’indépendance de la personne) :
vélo,
marche plus ou moins rapide sur un tapis,
exercices musculaires pour renforcer les membres inférieurs (un point important pour l’autonomie) mais aussi supérieurs .
Lors des séances, on souffle, on s’essouffle (de manière contrôlée), on transpire et on donne de soi.
Les mutuelles remboursent 60 séances de revalidation spécialisée, suivi d’intervention avec un remboursement inférieur avec parfois un renouvellement possible.
Résultats possibles rapidement
"Il n’est pas facile de s’y mettre : la dyspnée décourage souvent car chaque mouvement peut sembler pénible, souligne le kinésithérapeute. Les débuts sont donc souvent très difficiles.
Mais il est indispensable de passer le cap de cette première phase et de rester motivé, par exemple grâce à l’appui des membres des équipes pluridisciplinaires.
- A court terme, avec 8 semaines d’entraînement au minimum, ces séances ont un très bon impact sur l’autonomie, la capacité d’effort et donc sur la qualité de vie.
- Cependant, il est très important de poursuivre ensuite ces activités physiques à long terme, avec un entraînement soutenu et à la même fréquence, soit de 2 à 3 fois par semaine."
A la clé, en complément aux indispensables traitements médicamenteux, un grand souffle possible contre les effets de la maladie...
S’il n’y a pas de centre spécialisé dans votre quartier ou près de chez vous (et si vous ne nécessitez pas la présence d’une oxygénothérapie fournie par un centre), n’hésitez pas à demander l’aide d’un kiné pour poursuivre une activité physique adaptée, régulière et intensive. N’oubliez pas de lui demander au préalable s’il dispose d’une formation en kinésithérapie respiratoire.
Interview de Thomas Schaefer, kinésithérapeute spécialisé et doctorant à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) par Pascale Gruber, journaliste santé pour Manger Bouger.