Collations collectives : une maman raconte
Ma fille est en troisième maternelle. En première et deuxième année, ces institutrices achetaient pour les élèves de la classe les collations pour lesquelles les parents versaient une somme toutes les semaines.
Trop de tartines au choco
Pour les institutrices, c’était assez difficile à organiser puisqu’elles devaient prendre leurs voitures pour faire les achats en dehors de l’école. Aux réunions de parents, ceux-ci critiquaient l’équilibre des collations : il y a trop de "tartines chocos" et pas assez de fruits de saison. Les institutrices rétorquaient qu’elles faisaient du mieux qu’elles pouvaient mais que, seules, elles ne pouvaient aller au marché matinal tous les jours.
Cette année, tout a changé !
Les parents apportent eux-mêmes les collations pour toute la classe. Au début du mois nous recevons une feuille reprenant les noms de chaque enfant en face d’une date et d’un groupe alimentaire. Trois classifications sont reprises : les produits laitiers, les produits céréaliers et les fruits et légumes.
La veille, l’institutrice dépose au portemanteau de l’enfant qui doit apporter la collation un sac recyclable avec une grande boîte en plastique de façon à ce que les parents limitent les déchets. Ainsi, plus d’emballages individuels, plus chers et moins écologiques.
Quelques réticences...
Évidemment, comme pour toutes innovations, certains rouspètent :
« Qu’est ce qui se passe si c’est mon enfant qui doit préparer la collation et qu’il est malade ce jour-là ? Les enfants n’auront pas de collation ! »
« Tout ça, c’est pour épargner du travail aux instits, qui n’ont déjà que 22 périodes par semaine alors que moi je bosse 40h/semaine. »
« Ils croient peut-être qu’ils vont m’apprendre à nourrir mon propre enfant avec leurs groupes alimentaires ! »
... mais les bénéfices se font vite sentir
- Moi, je constate que ma fille goûte beaucoup de choses très différentes depuis le mois de septembre. Elle n’aime pas forcément tout mais « Madame » l’incite à goûter.
- Avec le brassage culturel présent dans l’école, c’est une chance pour Pauline de goûter des fruits, des gâteaux, des préparations laitières qui viennent de Chine, du Maghreb ou de Pologne...
- Parfois il y a même une surenchère à préparer quelque chose de plus inhabituel, de plus sain, de plus frais que les autres. Ainsi, j’ai déjà préparé des bâtons de légumes avec une sauce au yaourt, des dés de fromage d’origines diverses. Et je me fais une joie de confectionner pour la semaine prochaine un gâteau aux carottes, une vieille recette québécoise.
- Et puis, il y a un nouveau sujet de conversation entre ma fille et moi : à ton avis, le gâteau au fromage, ce sont des céréales ou un produit laitier ?
Une première évaluation prometteuse
Lors de la dernière réunion de parents, les institutrices ont évalué le projet. Elles pensent que c’est positif, que l’enfant dont « c’est le jour » est fier car il a le privilège de distribuer aux autres la collation. C’est lui qui invite ! Et même s’il faut forcer certains enfants à goûter au premier tour, le plat est toujours vide à la fin de la pause.
Et il va sans dire que nos cotisations hebdomadaires ont bien diminué aussi !
Maman de Pauline, école communale J.J. Michel, à Saint-Gilles (Bruxelles).
Ce projet est modeste, mais il remplit bon nombre d’objectifs :
- Renforcer l’aspect convivial de la collation
- Éduquer au goût
- Améliorer l’équilibre entre les 4 groupes alimentaires
- Contribuer à réduire les déchets
- Impliquer plus les parents dans l’école.